Ce que le nouveau management public fait aux professeurs des écoles

 » L’inflation des prescriptions et des dispositifs censés favoriser la « réussite de tous » a coïncidé en réalité avec une aggravation des inégalités scolaires ainsi qu’avec une baisse des acquis des écoliers, devenue bien visible au cours du XXIe siècle. Les transformations opérées ont alourdi et complexifié le travail des enseignants, sans les outiller davantage. Elles ont accru d’autant les risques psychosociaux « engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental », écrivent Sylvain Broccolichi et Sandrine Garcia.  »

Ils commencent par rappeler les étapes de la mise en place de la NGP à travers les réformes, les directives et les dispositifs mis en place depuis les années 1980.  » À partir de 2005, débute une phase plus « dure » de mise en oeuvre de ces principes de gestion. Dans un contexte de restriction budgétaire, la nouvelle phase se caractérise par un net alourdissement des tâches éducatives et administratives et une déconnection croissante entre les objectifs assignés aux enseignants et les ressources investies pour atteindre ces objectifs », écrivent-ils.

Cela passe par les évaluations qui apparaissent dans les années 1990 en CE2 et 6ème avec comme objectif la baisse des redoublements.  » Ainsi, l’apparente réussite croissante et plus générale des élèves selon le critère de l’âge d’accès aux différentes classes se trouve infirmée par de nettes régressions des acquis des élèves d’après les épreuves standardisées de connaissance nationales et internationales, notamment en mathématiques et en maîtrise de l’écrit (DEPP, 2008 ; DEPP, 2017 ; DEPP, 2020a ; 2020b et 2020c). Les travaux rétrospectifs sur ce sujet indiquent que cette double tendance, à première vue contradictoire, s’est amorcée à partir du milieu des années 1980 et s’est poursuivie au cours des deux décennies suivantes, sous des formes légèrement différentes à l’école primaire et au collège ».

Les enseignants décrochent

Pour Sylvain Broccolichi et Sandrine Garcia on assiste alors à un premier décrochage entre les exigences du système et ce que peuvent faire les enseignants.  » Ils sont dès lors confrontés à la gestion d’élèves en « décrochage cognitif » dont le comportement se dégrade, déstabilisant l’ordre scolaire et les enseignants. Cette déstabilisation apparaît déjà nettement dans la série des enquêtes effectuées par la DEP entre 1991 et 2005 : les enseignants y expriment de plus en plus fréquemment leur sentiment d’impuissance face aux difficultés croissantes des élèves et à leur hétérogénéité, difficultés que les redoublements leur permettaient d’atténuer… L’expérience d’un « déphasage entre leur idéal de transmission du savoir et la réalité du terrain génère un sentiment d’impuissance, mais aussi de frustration et de découragement « .

Après 2005, s’opère « une déconnection croissante entre objectifs et ressources ». 2005 c’est l’année de la loi sur le handicap qui se traduit pour les professeurs des écoles par des  » tâches nouvelles et chronophages ne sont pas associées à des ressources facilitant leur réalisation, hormis des recommandations perçues le plus souvent comme incompatibles avec les contraintes temporelles et matérielles ». C’est aussi l’arrive du socle avec ses référentiels de compétences au moment même où N Sarkozy supprime 80 000 postes ce qui aggrave la situation dans des écoles où les moyens se réduisent. Petit à petit c’est la liberté pédagogique qui se réduit.

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